1 décembre 2023
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La fast fashion exploite le patrimoine culturel de communautés ! Que pouvons-nous faire pour les protéger ?
Vous aimez les imprimés, les pièces artisanales ou les vêtements ethniques ? Mais, connaissez-vous l’histoire qui se cache derrière ces pièces uniques ? Si oui, la marque est éthique et met en valeur ses artisans et leur savoir-faire. Dans le cas contraire, ce savoir-faire a probablement été exploité de manière inappropriée et le mérite ainsi que la compensation financière n’ont pas été accordés aux personnes qui l’ont créé. La fast fashion est jalonnée de marques qui agissent de la sorte.
Chez COSH!, nous soutenons et promouvons les marques durables qui protègent l’environnement tout en préservant leur patrimoine culturel. Dans cet article, nous vous expliquerons en quoi les marques qui intègrent leur héritage culturel suivent également les principes de la slow fashion, puis nos entrepreneurs éco-responsables expliqueront leur approche éthique de l’utilisation des savoir-faire traditionnels.
Des conseils pour les consommateurs et les futurs entrepreneurs.
La mode est influencée par l’art, la littérature, la musique et les traditions culturelles. L’ensemble de ces éléments constitue un patrimoine culturel.
“Le patrimoine culturel peut être défini comme l’héritage d’artefacts physiques (biens culturels) et d’attributs immatériels d’un groupe ou d’une société hérités du passé”, selon l’Université d’Europe centrale. Il s’agit également, selon l’association Heritage for peace, de : “l’expression des modes de vie développés par une communauté et transmis de génération en génération, y compris les coutumes, les pratiques, les lieux, les objets, les expressions artistiques et les valeurs”. Ce terme est donc lié à une communauté, à des humains qui produisent ce savoir. Malheureusement, dans l’industrie de la mode, ce savoir est détaché de son lien avec la communauté et exploité sans qu’aucun crédit ne lui soit accordé. Les humains et leurs causes sont invisibilisés, alors qu’ils sont souvent en danger en raison de leur situation géographique, de leur statut financier, de leur race, etc.
La mode est pavée de designers et d’entreprises qui utilisent de manière inappropriée des savoir-faire artisanaux, sans rendre hommage aux communautés qui les ont inventés. Par exemple, vous verrez des accessoires stéréotypés amérindiens, des imprimés mexicains, des saris et des imprimés maliens pour l’été. Ces imprimés et techniques artisanales sont vendus au rabais (souvent pendant les soldes) ou à des prix disproportionnés par les marques de luxe.
Récemment, le Mexique a poursuivi Zara et Patowl en justice pour avoir “utilisé des éléments culturels des peuples indigènes dans leurs collections”. Pour Alejandra Frausto, ministre mexicaine de la culture, “il s’agit d’un principe de considération éthique qui, localement et globalement, nous oblige à attirer l’attention et à débattre de la protection des droits des peuples indigènes qui ont été historiquement invisibles”.
La marque Zara du groupe Inditex avait proposé une robe reprenant des éléments de la culture mixtèque, de la municipalité d’Oaxaca à San Juan et Patowl avait confectionné des T‑shirts avec des imprimés faisant “une copie fidèle” des vêtements traditionnels du peuple zapotèque de la communauté de San Antonino Castillo Velasco.
Le ministre avait déjà mis en cause les marques Isabel Marant, Mango et Carolina Herrera pour les mêmes raisons.
Comme l’a souligné le ministre, l’éthique a été totalement bafouée, les droits et les luttes des communautés ont été mis de côté. C’est cela que nous voulons dénoncer, ce déséquilibre qui consiste à pouvoir prendre le travail des plus démunis, sans conséquences réelles, et à profiter de leur vulnérabilité pour faire du profit.
Dans le monde de la mode, l’appropriation du patrimoine culturel ou l’appropriation culturelle va souvent dans le même sens. Du Nord global vers le Sud global. Une entreprise du Nord s’approprie le savoir-faire d’une communauté du Sud, le mécanise ou l’industrialise pour le vendre à des prix bas ou surévalués. Ce qui était fait à la main est maintenant fait plus rapidement par la machine. Les artisans ne peuvent pas rivaliser avec ce marché. Les communautés sont donc doublement perdantes. Non seulement elles ne reçoivent pas le fruit de leur travail, mais en plus dans ce système leur situation ne s’améliore pas. Les bénéfices vont aux grandes entreprises.
La chose éthique à faire serait de reverser ces bénéfices aux collectifs d’artisans et de leur verser un salaire équitable, ce que les marques de fast-fashion ne font pas.
Il existe également un déséquilibre en termes de visibilité. Les marques de luxe et de fast-fashion mènent d’énormes campagnes de marketing, ce qui est disproportionné par rapport aux artisans et aux petites marques qui veulent mettre en valeur ces traditions. La formule éthique consisterait à collaborer avec des artisans ou des designers de ces pays et à les mettre en valeur. Dans une véritable collaboration, les artisans sont reconnus et la marque s’assure que les conditions de travail sont bonnes et les salaires équitables. Dans le système actuel, les difficultés rencontrées par les communautés ne sont pas mises en avant comme on a pu le voir avec Louis Vuitton, qui a proposé un keffieh à 750 dollars, emblème de la lutte palestinienne. La marque a commercialisé ce symbole tout en souhaitant rester “neutre” par rapport à la colonisation israélienne. Il en va de même pour Etro, qui a récemment utilisé l’esthétique amérindienne Navajo pour sa collection. Comme nous l’avons vu plus haut, les objets, les traditions, la musique et l’art sont souvent détournés par de grandes entreprises qui souhaitent tirer profit de ces communautés sans se préoccuper de leurs problèmes. Pire encore, elles le font parce que ces communautés sont invisibles et économiquement fragiles. Comme le dit la communauté noire aux Etats-Unis: “Ils veulent notre rythme, mais pas notre blues”.
Avoir recours à l’artisanat ou à un savoir-faire traditionnel lorsque l’on est un designer ou une marque est une démarche slow fashion voici pourquoi.
Les marques qui font appel à l’artisanat traditionnel proposent généralement des pièces uniques et fabriquées à la main. La slow fashion est locale, utilise des matériaux issus du commerce équitable et des tissus de haute qualité. Votre article sera de la plus haute qualité, car la conception, les matériaux et la fabrication sont réalisés localement par des artisans expérimentés qui maîtrisent les outils et les techniques. Les pièces artisanales ne suivent pas les saisons, elles sont intemporelles et résistantes puisque le choix des matériaux est primordial contrairement à la fast fashion qui pour un souci de rentabilité utilise des matériaux de mauvaise qualité, qui ne tiendront pas et qui vous inciteront à acheter encore plus d’articles.
La fast fashion repose sur l’exploitation d’une main-d’œuvre. Les horaires, les conditions et les salaires leur sont imposés. Les créateurs ou les fondateurs de marques qui utilisent leur propre héritage culturel ont une relation plus affective avec leur communauté et leurs artisans. Ils ont tendance à leur offrir un salaire équitable et des conditions de travail décentes. Il s’agit davantage d’une collaboration et d’une valorisation de leur savoir-faire. Ces marques mettent en valeur les histoires et les pratiques de ces artisans. Ils ont des visages et des noms, et peuvent vivre de leur art. De plus, dans la slow fashion les entrepreneurs sont invités à produire le plus localement possible. De ce fait, la chaîne de production est aussi transparente que possible et cela permet de redéfinir la hiérarchie entre les créateurs, les consommateurs et les producteurs. Il y a moins d’intermédiaires et une plus grande valeur culturelle et matérielle pour le consommateur. Nous sommes tous engagés dans le même objectif et la même mission : avoir un impact positif sur l’environnement et nos sociétés.
Les marques de fast fashion produisent des vêtements en grande quantité et ce tous les jours. SHEIN crée plus de 8000 pièces par jour. C’est un désastre pour l’environnement étant donné que la majorité des pièces sont en polyester et abandonnées dans des éco-systèmes fragilisés. Les grandes marques qui font appel à des artisans ne peuvent pas produire des articles en grande quantité, car dans l’artisanat les articles sont faits main. Par conséquent, dans la slow fashion, le rythme des artisans est respecté. Un plus pour l’environnement. En soutenant une petite marque, vous soutenez de fait la slow production et une production raisonnée.
Depuis quelques années, les consommateurs s’intéressent de plus en plus à la manière dont leur garde-robe est fabriquée. Selon le cabinet McKinsey, “67 % des consommateurs considèrent l’utilisation de matériaux durables comme un facteur d’achat important, et 63 % considèrent la promotion de la durabilité par une marque de la même manière”. Ainsi, de nombreuses marques se revendiquent éco-responsables ou circulaires afin d’attirer ces nouveaux consommateurs conscients. Vous rencontrerez des marques qui exploitent des savoir-faire traditionnels tout en prétendant qu’elles sortent des femmes de la pauvreté et que, sans elles, ces artisans seraient démunis. Il est fort possible que ces artisans vivent dans la pauvreté, mais cela ne donne pas le droit aux créateurs ou aux marques de voler ce savoir-faire en échange d’un montant minime par rapport aux bénéfices que la marque fera et au coup de pouce marketing qu’elle obtiendra avec cet aspect social. Ces marques agissent ainsi parce qu’elles disposent d’un pouvoir économique et d’une visibilité que les populations locales n’ont pas. Elles utilisent ce privilège en sachant que la relation est déséquilibrée, et se rachètent une conscience en donnant de petites sommes d’argent à des ONG. Le socialwashing ou le white saviorism sont couramment utilisés dans l’industrie de la mode.
Le social washing désigne une technique utilisée par les entreprises pour détourner l’attention des consommateurs sur les effets négatifs produits par celles-ci. Le white saviorism ou “Le complexe du sauveur blanc, également connu sous le nom de “white saviorism”, est une idéologie selon laquelle une personne blanche agit à partir d’une position de supériorité pour sauver une communauté ou une personne BIPOC (noire, indigène ou de couleur)”. Ces techniques séduisent les consommateurs conscients.
En réalité, la marque s’enrichit de l’artisan qui survit. L’avantage pour la marque dans ce système est l’utilisation du savoir-faire à moindre coût, ce qui lui permet de réaliser des bénéfices plus importants. La marque décide de la plupart des aspects, notamment des salaires, au lieu de collaborer avec les artisans et de soutenir ce qui existe déjà localement. Si votre ambition est de créer une marque à partir d’un savoir-faire traditionnel et que vous n’avez aucun lien avec cette communauté, renseignez-vous sur ce qui existe localement.
La plateforme COSH! regorge de marques et boutiques qui soutiennent des communautés, leur héritage et leur environnement. Découvrez ces entrepreneurs et leurs pièces intemporelles et uniques qui mettent en avant ces traditions précieuses.
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