12 décembre 2023
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L’audace de l’Ouganda va-t-elle revitaliser son industrie textile ?
Le président ougandais Yoweri Museveni a lancé un appel décisif pour mettre un terme aux importations de vêtements usagés. Celles-ci ont causé des ravages sociaux et environnementaux d’une ampleur sans précédent. Alors que les exemples de colonialisme des déchets font de plus en plus souvent la une des journaux, cette proclamation pourrait remodeler les relations commerciales internationales définies par les vêtements de seconde main entre le Nord et le Sud. Cette directive révolutionnaire, dont la mise en œuvre est prévue pour le 1er septembre, représente un mouvement stratégique visant à rajeunir l’industrie ougandaise du coton et du textile, en proie à des difficultés depuis longtemps.
Le coton, l’une des cultures commerciales traditionnelles de l’Ouganda, introduit et fortement contrôlé par le gouvernement colonial britannique en 1903, a été un produit d’exportation vital et une matière première locale. Paradoxalement, sa consommation locale reste quasiment inexistante. Les pays d’Afrique subsaharienne, dont l’Ouganda, exportent plus de 90 % du coton brut qu’ils produisent. Cela signifie que les chaînes de valeur complètes du coton au textile restent largement dormantes ou inexistantes dans toute l’Afrique. L’industrie de l’habillement de seconde main dicte les comportements de consommation, rendant les créateurs et les artisans locaux incapables de rivaliser avec les prix effrénés de l’habillement de seconde main. Comme l’indique le document de la CNUCED, l’industrie textile ougandaise n’a pas été en mesure de prospérer face aux montagnes de vêtements de seconde main qui sont devenues omniprésentes dans le pays.
"Les usines ne fonctionnent pas à pleine capacité en raison des coûts de production élevés et de la faible demande de tissus et de vêtements produits localement en raison<strong> de la forte concurrence, des importations</strong> moins chères et des vêtements de seconde main." Organisation des Nations unies pour la conférence et le commerce (CNUCED)
Pendant des décennies, l’Ouganda a reçu le déluge de vêtements usagés du Nord, comme ses homologues d’Afrique de l’Est. Pourtant, cet afflux incessant de vêtements de seconde main a eu des conséquences inattendues, étouffant les industries textiles nationales. Si l’attrait des vêtements bon marché a conduit à une accessibilité sans précédent, cette évolution a eu des répercussions négatives. La rhétorique de la mode abordable a tissé un réseau complexe de répercussions économiques et de développement.
La position du Président Museveni a fait l’objet d’un engagement et d’un activisme au niveau mondial. Sa décision est la promesse d’un potentiel inexploité et d’une reconquête du secteur de l’habillement après des décennies de répression et d’inertie.
Au cœur de cette directive se trouve une politique essentielle intitulée “Buy Uganda Build Uganda”, qui s’efforce d’augmenter la production nationale et, en fin de compte, de tracer une voie vers l’autosuffisance et l’expansion.
“J’ai déclaré la guerre aux vêtements de seconde main pour promouvoir les vêtements africains”, a déclaré M. Museveni. La détermination du président est inébranlable ; il envisage une renaissance des traditions textiles africaines avec un pied fermement ancré dans le paysage de la mode ougandaise. Ici, des travailleurs locaux hautement qualifiés transforment des matières premières cultivées localement en textiles locaux.
Cette décision n’est toutefois pas exempte de controverses potentielles. Si la volonté d’autosuffisance est louable, l’Ouganda doit faire face à des critiques et à des appréhensions. Ceux qui ont bâti leur existence financière sur l’énorme marché de l’occasion voient leurs moyens de subsistance réduits à néant. L’industrie ougandaise de la friperie emploie plus de quatre millions de personnes et génère d’importantes recettes fiscales. Le marché de l’habillement de seconde main est le fruit du pragmatisme de la sensibilité économique et de la débrouillardise de nombreuses personnes.
Comment la vision du président va-t-elle se fondre dans les réalités de la survie économique ?
Outre l’approche ougandaise, cela suscite des réflexions plus larges sur les voies globales et complexes de la mode. Le flux continu de vêtements, passant du monde occidental au continent africain, met en évidence les liens complexes de la mondialisation et du profit. Plus de 70 % des vêtements donnés dans le monde trouvent leur destination finale en Afrique. La qualité déplorable de la plupart des vêtements d’occasion importés est également mise en évidence, comme le montre le rapport de Greenpeace. Il illustre de manière frappante la transformation des tendances en déchets, regroupés en de nombreuses balles expédiées à travers les océans, qui finissent par se dégrader en microplastiques dans les décharges d’Afrique de l’Est. Cette interaction complexe entre l’économie, la culture et l’impact sur l’environnement est la tapisserie complexe que la nouvelle directive ougandaise cherche à démêler. L’Ouganda avait déjà tenté d’interdire l’importation de vêtements de seconde main, une première fois en 2016 et une seconde fois en 2020. Toutefois, la décision a finalement été annulée en raison des répercussions potentielles des sanctions américaines. Cela soulève la question de savoir qui décide.
L’Ouganda peut-il décider d’importer des ballots de vêtements usagés ou les États-Unis ?
Museveni félicite la Chine pour ses investissements en Afrique, laissant entrevoir la perspective d’une revitalisation de l’industrie textile. Le potentiel de nouvelles usines, d’opportunités et d’emplois pour une jeunesse en grande partie au chômage est la promesse d’une révolution potentielle. Certains soutiennent que la croissance de l’industrie textile locale devrait suivre une trajectoire graduelle, soulignant la nécessité de maintenir et d’augmenter la capacité de production textile avant d’envisager d’abandonner le secteur des vêtements usagés.
L’Ouganda se trouve au carrefour de la tradition et du progrès, du pragmatisme économique et des aspirations nationales. L’annonce du président pourrait se traduire par une réorganisation en profondeur du tissu social ougandais. Elle pourrait donner un nouveau souffle à l’histoire du textile et du coton, éclipsée par l’asservissement et la dépendance. L’avenir nous dira s’il en résultera une étude de cas remarquable sur la manière dont les mesures législatives peuvent relancer un secteur industriel national.
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