12 décembre 2023
La réglementation française en matière d’emballage : Un guide pour une mise en conformité rapide
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- Emballage
Chaque jour, nous jetons d’énormes quantités de vêtements. Les Européens jettent en moyenne 11 kilos de vêtements par personne et par an. L’Union européenne cherche donc à remédier à cette pratique afin de prolonger la vie de nos vêtements préférés. En effet, jeter ses vêtements semble être l’option la plus facile mais c’est aussi la moins éco-responsable.
Aux Pays-Bas, en 2018, selon FFact, 55,4% des déchets textiles ont fini dans les déchets résiduels et 44,6% ont été collectés via la collecte sélective des textiles. Au total, les Néerlandais ont collecté 305,1 kton de textile, soit une moyenne de 17,7 kg par habitant, supérieure à la moyenne européenne !
Actuellement, 84% du textile collecté aux Pays-Bas part à l’étranger, par exemple pour être vendu ou recyclé. 53% du textile collecté est réutilisable et peut donc être porté à nouveau et 33% peut être recyclé. 14% restent sous forme de flux résiduel, parmi lesquels on trouve les déchets, les textiles non réutilisables et les textiles non réutilisables. Ces chiffres proviennent de l’étude ‘Massabalans Textiel 2018’ de FFact, commandée par le Rijkswaterstaat, le ministère des infrastructures et de la gestion de l’eau.
Au niveau européen, 87 % des vêtements usagés finissent incinérés ou mis en décharge.
Pour la Belgique, Ressources et Herw!n ont mené des recherches sur la façon dont les textiles sont éliminés. Les données sont différentes pour les trois régions. Toutefois, il n’existe pas encore de données précises sur les textiles, mais certains chiffres nous informent sur le travail qu’il reste à faire. À Bruxelles, 37 % des textiles ont été donnés à l’économie sociale et 63 % ont été jetés avec les déchets ménagers. En Flandre, 30 % ont été donnés à l’économie sociale, 37 % à l’économie classique et 33 % ont été jetés. En Wallonie, 58% des vêtements usagés ont été donnés à l’économie sociale, 9% ont été donnés à l’économie classique et 33% ont été jetés. Vous souhaitez en savoir plus sur le long parcours des déchets textiles ? Lisez l’étude COSH ! sur les produits de seconde main ici.
Cela soulève la question suivante : à quoi ressemblerait la responsabilité élargie des producteurs (REP) sur un territoire comme la Belgique où les chiffres varient selon les régions concernant le traitement des textiles? D’autant plus qu’en 2025, les États membres de l’Union européenne (UE) seront obligés de collecter les textiles séparément. Chez COSH ! nous sommes curieuses et curieux de voir comment cela s’organisera en Belgique !
Si les marques produisent toujours plus de vêtements, pourquoi ne les tenir responsables de la vie de leurs produits ? La responsabilité élargie des producteurs (REP) est l’une des solutions proposées par l’UE. Si les directives sont suivies, d’ici 2025 les marques ou les producteurs seront tenus responsables de la manière dont leurs vêtements sont éliminés, recyclés, réparés ou remanufacturés . Vous souhaitez en savoir plus sur la manière dont l’UE souhaite construire une économie circulaire et savoir si les marques pensent que cela est faisable ? Jetez un coup d’œil à cet article COSH !
La REP est un concept qui permettrait de responsabiliser les entreprises sur la manière dont leur produit est éliminé, recyclé ou réparé. Au cours des deux dernières décennies, les Européens ont acheté de plus en plus de vêtements.
On a observé une baisse des prix et une réduction de la durée de vie des vêtements. La REP pourrait motiver les marques à fabriquer des produits plus intemporels et de meilleure qualité !
La France est le seul pays à l’heure actuelle à disposer d’une réglementation REP pour les textiles. En France, la collaboration entre différents partenaires permet de traiter les textiles de manière responsable. Les Pays-Bas et la Suède sont aussi sur le point d’introduire une législation REP. Le gouvernement Néerlandais souhaite introduire une REP d’ici 2023. La Belgique est-elle la prochaine?
Les pays souhaiteraient la mise en place d’une législation européenne générale concernant la REP. Mathieu Romas de Reuse and Recycling Social Enterprises in the European Union (RREUSE) pense qu’il devrait incomber aux États membres de mettre en place une REP en collaboration avec les entreprises sociales.
Lorsqu’une nouvelle législation est adoptée, il est important de ne pas négliger les objectifs précédents tels que l’impact environnemental. La nouvelle législation sera-t-elle le meilleur moyen d’atteindre nos objectifs ? En effet, certains experts ne sont pas certains que ce sera le cas. L’un des principaux arguments est que la REP française avait pour objectif l’augmentation de la qualité des vêtements or cela n’a pas été le cas. Cela signifie donc que la législation en elle seule n’a pas une grande influence sur la façon dont nous portons nos vêtements, la durée de vie de ceux-ci ou la possibilité de réutiliser les textiles.
Jo Van Landeghem, responsable de la qualité, de la sécurité et de la durabilité à la Fédération belge de la mode Creamoda, pose un certain nombre de conditions pour que la REP ait un sens. Il a déclaré par exemple lors des EUCircularTalks de 2021 que nous devions nous mettre d’accord, sur les points suivants :
Pour que les vêtements aient une durée de vie plus longue, plus saine et plus utile, l’industrie de la mode doit changer. Que ce soit au stade précoce de la conception ou à la fin de vie du vêtement.
Le monde de la fast-fashion est fondé sur la rapide fabrication de vêtements, au détriment de la qualité et du bien-être des travailleuses. Lorsqu’ils sont usés ou démodés, les marques de fast-fashion mettent en place des “bacs de recyclage” et invitent leurs clients à acheter de nouveaux vêtements en les récompensant avec des bons de réduction. L’utilisation des vêtements provenant de ces bacs n’est pas certaine et tous les textiles ne sont pas recyclables… La boucle n’est donc pas bouclée. Pour en savoir plus sur le recyclage des textiles et la manière dont il est effectué, consultez cet article de blog.
Les bacs de recyclage n’étant pas la meilleure solution pour responsabiliser les marques, que peuvent-elles faire plus concrètement? Les marques pourraient commencer par créer des pièces intemporelles, augmenter leur qualité et permettre aux usines de livrer des pièces de qualité. Cela pourrait amener les créateurs et les consommateurs à apprécier de nouveaux les matériaux utilisés.
Le but étant de créer des liens plus profonds entre les consommateurs et leurs vêtements afin qu’ils soient mieux entretenus, puis revendus en occasion.
1. Un autre moyen est la location de vêtements et la mise en place d’un service de réparation. Les bibliothèques de vêtements et les services de location de vêtements se développent et chez COSH! nous pensons que ces initiatives sont intéressantes. En effet, l’impact de la location de vêtements peut changer la donne, car si vous choisissez de faire expédier des vêtements chez vous, cela coûte plus d’émissions que si vous les faites louer près de chez vous.
Il existe différents types de location. La plus courante est lorsqu’une marque ou un magasin met en location sa collection. Ils sont responsables de l’entretien des vêtements et des accessoires. En tant que particulier, vous payez un abonnement. Vous restez responsable de l’entretien et du soin des vêtements. Par exemple, la bibliothèque de vêtements Jukebox à Bruxelles vous permet de louer des vêtements. Grâce aux locations répétées, la durée de vie des vêtements est prolongée grâce aux multiples nouveaux propriétaires, ce qui signifie une utilisation plus importante mais sur de courtes périodes.
2. Si les marques proposaient des services de reprise, cela créerait un circuit. En effet, si vous retournez un jean que vous avez acheté ou loué chez MUD jeans, ils utilisent ces vieux jeans pour en fabriquer de nouveaux. Les jeans restent dans la boucle de la marque. Un autre exemple est la marque Red Stars, qui fabrique des sacs et des masques à partir de bouteilles en Polyéthylène Téréphtalate (PET). Chez Red Stars, vous pouvez rendre votre sac si vous ne l’utilisez plus et ils le fondront à nouveau afin de fabriquer de nouveaux sacs.
3. Avec les services de réparation de jean troué, un trou au genou peut facilement être réparé par la marque elle-même ou par un atelier de réparation partenaire, afin que le client puisse le porter plus longtemps et ne ressente pas le besoin de le jeter ou de le remplacer par une nouvelle paire. Il est important de produire des pièces de meilleure qualité car la réparation n’est pas envisageable si le tissu est déjà de mauvaise qualité et se déchire tout le temps.
4. Lors des Circular Textile Days 2021 Henk Gooijer de la FTN/ TKT (Federatie Textielbeheer Nederland/Technologisch Kenniscentrum Textielverzorging) ont abordé le sujet des pratiques d’entretien des textiles et de l’éco-responsabilité. Le but est de protéger la rigidité des textilesen utilisant des programmes de lavage professionnels, de réduire les émissions de CO2 et la consommation d’énergie. Les vêtements sont confiés à des fournisseurs professionnels d’entretien des textiles.
Les solutions énoncées ci-dessus concernant l’élargissement de la responsabilité des producteurs ne concernent que les business modèles, le port du vêtement et sa fin de vie. Mais que peut-on faire pour prendre en compte les pratiques circulaires avant de produire des vêtements ? Le professeur Karine Van Doorsselaer, directrice de l’enseignement des matériaux et de l’éco-conception à l’université d’Anvers, a fait part de ses réflexions lors d’un webinaire sur la conception et l’économie circulaire organisé par VOKA.
Elle a mentionné différents types ou possibilités d’éco conception :
La conception pour la réutilisation, le produit est conçu pour avoir une seconde vie.
La conception pour l’économie de partage, les produits sont conçus pour être partagés et doivent être faciles à nettoyer et à réparer.
La conception pour prolonger la phase d’utilisation : le produit doit pouvoir être réparé et mis à niveau, et différents composants doivent être mis à la disposition du client.
La conception en vue de la réparation et de l’entretien, le produit doit être facile à nettoyer, doit être conçu de manière modulaire et les composants doivent être facilement réparables.
La conception pour la refabrication, le produit est créé dans une combinaison produit-service et les composants ayant la même durée de vie prévue doivent être regroupés.
La conception pour le recyclage, le produit est conçu pour être recyclé par la suite, les matériaux doivent être choisis avec soin, il est important d’opter pour des matériaux uniques et des matériaux couramment utilisés afin qu’ils puissent être facilement recyclés après usage.
La conception à partir du recyclage, les produits sont fabriqués à partir de matériaux recyclés.
La conception pour le compostage, les matériaux sont choisis de manière à pouvoir être compostés après usage, ils sont donc constitués uniquement de matériaux naturels et doivent être compostables.
Toutes ces approches de conception peuvent être utilisées comme outils pour étendre la responsabilité des producteurs. M. Van Doorsselaer a souligné que l’éco conception ou la conception circulaire peut présenter des avantages économiques en plus des avantages environnementaux.
Peter Koppert gère l’innovation et le développement chez Modint. Il travaille sur une stratégie de REP pour les Pays-Bas. Lors des Journées du textile circulaire de 2021, il a déclaré que la réutilisation devrait être plus transparente car cette étape se déroule souvent à l’étranger et qu’il fallait augmenter le pourcentage de réutilisation dans notre propre pays. “Les vêtements que vous trouvez dans les boutiques vintage néerlandaises sont maintenant importés de l’étranger, nous pourrions les garder les utilisés ici et les vendre au lieu de les expédier ailleurs.” Chez COSH ! nous croyons fermement en une économie plus locale et nous pensons que l’expédition de vêtements dans le monde entier n’est pas une solution éco-responsable, surtout lorsque l’on voit les chiffres concernant les quantités de vêtements jetés.
Selon l’UE, au niveau mondial, moins de 1 % des vêtements sont recyclés, en partie à cause d’une technologie inadaptée. Selon Peter Koppert, il y a aussi des difficultés à surmonter en matière de recyclage. “On dit qu’un t‑shirt en coton est recyclable, mais le sera-t-il vraiment ? Nous devons encore investir dans des technologies plus performantes. L’autre défi, la qualité des fibres, celles-ci doivent être de qualité élevée afin qu’elles puissent être utilisées”.
Une législation sur la REP devrait mettre l’accent sur la réutilisation, même si le processus exige une quantité importante de travail manuel. Le processus de tri est intensif mais la réutilisation devrait toujours être la première option. Les vêtements de mauvaise qualité rendent la tâche difficile et sont souvent la raison pour laquelle la réutilisation n’est pas possible.
COSH ! soutient cette stratégie. Nous pensons que la réutilisation, l’échange et l’achat en seconde main sont des options plus éco-responsables que l’upcycling.
Toutefois, l’upcycling reste plus éco-responsable que le recyclage. En effet, en ré-utilisant les textiles, vous économisez de l’énergie, de l’eau et les émissions qui auraient été émises pour le recyclage des vêtements sont réduites.
Chez COSH ! nous pensons également que les vêtements produits doivent être de meilleure qualité, afin que vous puissiez en profiter plus longtemps. Bonne nouvelle, cet objectif est inclus dans la REP. Mais en réalité, il s’agit de produire moins. Combien de pulls pouvez-vous porter en une saison? Votre armoire a‑t-elle besoin de contenir 20 pulls?
La REP peut nous aider à évoluer vers une économie circulaire et à créer moins de déchets. Tous les vêtements (utilisés ou non) ont une utilité, il n’est pas nécessaire de tous les traiter comme des déchets !
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