12 décembre 2023
La réglementation française en matière d’emballage : Un guide pour une mise en conformité rapide
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Le dernier rapport “Tailoring Responsibility Report” montre que l’esclavage moderne est malheureusement toujours à la mode
Le dernier rapport “Tailoring Responsibility Report : Tracing Apparel Supply Chains from the Uyghur Region to Europe” offre un aperçu dystopique des mécanismes commerciaux et des liens terrifiants entre les marchés européens de la mode et le travail forcé des Ouïgours, des réfugiés nord-coréens et d’autres minorités en République Populaire de Chine (RPC).
Cette initiative conjointe de l’Observatoire des droits des Ouïghours, du Centre Helena Kennedy pour la justice internationale de l’université de Sheffield Hallam et du Centre ouïghour pour la démocratie et les droits de l’homme a permis de découvrir qu’une quantité importante de vêtements, issus du travail forcé systématique des Ouïghours et d’autres minorités vulnérables, pénètre dans l’Union européenne sans aucune restriction. Bien que le problème ait pris des proportions mondiales il y a quatre ans, les affaires se poursuivent comme si de rien n’était.
Le rapport, qui se concentre sur quatre grands fournisseurs chinois – Zhejiang Sunrise Garment Group, Beijing Guanghua Textile Group, Anhui Huamao Group et Xinjiang Zhongtai Group – révèle la formation idéologique systématique, la surveillance, la relocalisation et le travail forcés, ainsi que de nombreuses autres violations des droits de l’homme.
Ce rapport est une fenêtre critique et kaléidoscopique sur l’oppression systématique exercée sur les citoyens ouïghours, kazakhs, kirghizes, nord-coréens et autres minorités dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang (XUAR). Le recours au travail forcé par le gouvernement de la RPC n’est pas un cas isolé d’exploitation. Au contraire, les structures labyrinthiques des filiales et des participations croisées sont conçues pour dissimuler la répression soutenue par le gouvernement, caractérisée par la migration forcée, l’effacement culturel et la surveillance intensive.
Le système de travail forcé des Ouïghours fonctionne selon trois mécanismes principaux : les transferts de travail forcé, le travail dans les camps d’internement et le travail en prison. L’ampleur de ces programmes est stupéfiante, des millions de personnes étant soumises à cet appareil oppressif. L’approche de la RPC ne se limite pas à l’exploitation, elle est également génocidaire sur le plan culturel. Elle vise à démanteler les liens culturels et communautaires qui définissent le peuple ouïghour.
Les chaînes d’approvisionnement de l’Union européenne, ses grandes marques et nos garde-robes sont profondément impliquées dans cette crise des droits humains. Les entreprises basées dans l’UE, dont de nombreuses marques de luxe telles que Boss, Prada, Ralph Lauren ou Max Mara, et des marques populaires comme Zara, Massimo Dutti et Mango, sont directement liées au travail forcé par l’intermédiaire de leurs fournisseurs. Malgré les affirmations de diligence raisonnable, ces liens persistent. Cela est principalement dû à l’environnement politique et réglementaire de la région, qui rend impossible la réalisation d’audits dignes de ce nom. Il s’agit toutefois d’un fait connu de l’ensemble de l’industrie.
Il y a quatre ans, des mesures législatives drastiques ont été nécessaires pour empêcher l’afflux sur le marché de l’UE de produits fabriqués à l’aide de main-d’œuvre forcée. Les États-Unis ont déjà mis en œuvre de manière efficace la loi sur la prévention du travail forcé des Ouïghours (Uyghur Forced Labour Prevention Act). Depuis la révélation de ce scandale, la question n’a toujours pas été résolue au sein de l’UE. Cette situation est inacceptable. Les marques ne font manifestement pas preuve de diligence raisonnable et continuent de faire confiance à leurs fournisseurs. Les deux parties engrangent des bénéfices qui sont, pour parler franchement, volés à des millions de travailleurs non rémunérés soumis à des conditions proches de l’esclavage. Grâce à des structures commerciales complexes et opaques, les entreprises manufacturières chinoises peuvent facilement déclarer que leurs dossiers ne montrent “aucune contamination en provenance de la région ouïghoure”, la responsabilité étant stratégiquement déplacée.
Heureusement, cette situation a catalysé les efforts visant à accélérer l’adoption d’une directive essentielle sur le devoir de diligence des entreprises et d’un règlement interdisant le travail forcé. L’adoption de ces lois est attendue dans les semaines et les mois à venir, malgré les contestations anticipées de puissants groupes de pression et de certains États membres de l’UE.
Les négociations imminentes du “trilogue” entre la Commission européenne, le Parlement et le Conseil seront déterminantes pour l’élaboration et la mise en œuvre d’une législation efficace. Un soutien et une sensibilisation continus sont essentiels pour garantir une mise en œuvre réussie de ces lois. Par conséquent, nous ne pouvons plus détourner les yeux et la conscience du coût humain que représente le travail forcé des Ouïghours dans nos vêtements.
En tant que leader mondial de la défense des droits humains et du développement durable, l’UE doit relever le défi et veiller à ce que ses marchés et nos placards ne deviennent pas un refuge pour des produits issus de l’oppression et de la souffrance. En tant que consommateurs et consommatrices, nous pouvons faire pression en sensibilisant l’opinion publique et en exprimant notre indignation afin que cette question ne soit pas balayée sous le tapis. L’Uyghur Human Rights Project” présente huit mesures efficaces que les individus peuvent prendre pour contribuer activement à mettre fin à l’exploitation et à la répression continues de la diaspora ouïghoure.
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