7 décembre 2023
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#PayUp est le slogan le plus utilisé dans l’industrie textile pendant la covid. Il a été utilisé pour désigner les grandes multinationales qui ont suspendu ou annulé leurs commandes de vêtements dans les pays producteurs. Depuis la Fashion Revolution Week, Niki De Schryver, fondatrice de COSH!, se demande si ce slogan s’applique aussi aux marques belges. Pour creuser cette affaire, Niki s’est associé avec la journaliste d’investigation indépendante, Sarah Vandoorne. Découvrez dans ce blog en attendant les résultats de l’enquête pourquoi ce thème touche tant ces deux entrepreneures.
Pendant la Semaine de la Mode Belge, toutes les marques de mode belge n’avaient pas les mêmes raisons de fêter. Disons les choses telles qu’elles sont: de nombreux détaillants ont connu une année pourrie, pleine de chiffres rouges, pleine d’incertitudes.
Selon la fédération sectorielle Comeos, le coronavirus a coûté au secteur belge de la mode 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Ajoutez à cela une période de vente pas évidente juste au moment où les cas de covid augmentent de nouveau. À ce jour, on ne sait toujours pas comment le nouveau pic affectera les chiffres d’affaires des commerçants cet automne. Une chose est sûre: nous ne vivons pas une période facile. Pas pour vous et tous vos proches. Pas pour les nombreux commerçants, détaillants et marques qui ont manqué leurs clients cette année.
Chez COSH!, nous avons beaucoup de sympathie pour les marques de mode belges. Ce n’est pas pour rien que vous pouvez ajouter le filtre “J’achète belge” sur notre site. Nous aimons beaucoup “nos” magasins et espérons qu’ils survivront à cette année.
Ce que nous comprenons un peu moins et pour lequel nous avons moins de sympathie, ce sont les chaînes de magasins qui décident de reporter, voire complètement annuler leurs commandes de vêtements. Plusieurs grandes multinationales en sont coupables au cours de cette année. Certaines parmi les familles les plus riches du monde. Un certain nombre n’a toujours pas accepté de rembourser les commandes annulées – vous pouvez les voir et les suivre grâce à un tracker de l’organisation américaine de défense des droits des travailleurs Worker Rights Consortium. Si, comme nous, vous voulez encourager les marques internationales à faire mieux et à payer mieux, vous pouvez soutenir la campagne #PayUp et signer leur pétition.
Les grandes multinationales ne sont pas les seules coupables dans cette histoire. Même les petites marques, qui ont souvent moins de marge de manœuvre que les grands acteurs, ont reporter ou annuler des commandes. Et oui, même des entreprises belges l’ont fait. C’est ce qui ressort des documents que la journaliste d’investigation Sarah Vandoorne a obtenus du Bangladesh. Niki De Schryver, fondatrice de COSH!, pense que l’enquête est si importante qu’elle s’y est consacrée.
“Les détaillants, les entrepreneurs et les sociétés de production ont un lourd fardeau à porter”, reconnaît Niki. “Ils doivent pouvoir payer leur loyer, leur personnel, et doivent avoir suffisamment de liquidité pour continuer… Ce n’est pas facile. Les travailleurs dans les pays producteurs n’ont pas la vie facile non plus. Ils n’ont pas d’économies sur lesquelles se reposer, ils doivent également payer leur loyer, mais en raison de la covid, ils n’ont pas reçu une grande partie de leur salaire”.
C’est pourquoi Niki a lancé un autre hashtag, #whosavedtheworkers, en avril. “En faisant cela, je voulais demander plus de transparence de la part des marques belges, et de voir ce qu’elles font pour les travailleurs qui luttent au moins autant qu’elles. Ca n’a pas été facile de trouver des réponses à cette question. C’est ainsi que j’ai découvert par moi-même qu’il s’agissait d’une enquête bien plus importante que ce que nous pourrions faire nous-mêmes. C’est pourquoi j’ai choisi de soutenir une journaliste d’investigation indépendante pour le découvrir.”
La journaliste Sarah Vandoorne en est très reconnaissante. “Dans mon travail, je veux surtout dénoncer les erreurs du système, et non les erreurs des marques individuelles”, dit-elle. “A moins que les rédacteurs en chef ne me le demandent explicitement, j’ai souvent tendance à ne pas citer de noms. C’est ce que je fais maintenant. D’ailleurs, ce ne sont pas les grands acteurs, mais les petites entreprises familiales de notre pays. Moi aussi, je comprends qu’ils n’ont pas une année évidente derrière eux. Mais la compréhension n’est pas une assez bonne raison pour ne pas mener une enquête. L’une des sources auxquelles j’ai d’abord parlé pour cette enquête, un journaliste du Bangladesh qui m’a fourni les documents, a déclaré qu’il y a une immense différence entre un détaillant avec un mauvais chiffre d’affaires et un travailleur qui perd son revenu ou son emploi… L’une d’entre elle aura à manger le lendemain, et l’autre non. C’est aussi simple que ça. C’est pourquoi je poursuis ces recherches. Pas parce que c’est facile mais parce que c’est nécessaire”.
COSH! ne veut pas juste lancer des coups, il veut construire de ponts. Niki: “D’une part, vous avez des militants et des organisations comme Fashion Revolution et Clean Clothes Campaign qui enquêtent sur l’industrie textile et exposent les problèmes au grand jour. D’autre part, vous avez des marques qui contribuent à des solutions et des commerçants durables qui accordent une réelle importance aux valeurs sociales et écologiques. COSH! veut se positionner entre les deux: nous exposons les problèmes, mais nous fournissons aussi les solutions. Nous pensons que les consommateurs choisissent avec leur portefeuille. Le changement dans l’industrie de la mode se fera en offrant des solutions durables au consommateur. Afin de savoir quelles sont ces solutions durables, la transparence et la recherche sont nécessaires”.
Comme vous l’avez peut-être deviné, nous ne mentionnerons aucun nom dans ce blog. Il faudra attendre un peu pour cela. La chercheuse Sarah Vandoorne a donné un droit de réponse à toutes les entreprises et s’est entretenue avec de nombreux experts qui apportent une nuance bien nécessaire à ce débat peu évident. Mentionner des noms sans reconnaître cette nuance n’est pas déontologiquement correct et ni Niki ni Sarah n’y participeront.
Vous devrez être un peu patient. Trop curieux? Très bien, nous vous donnerons trois chiffres pour le moment. 16 entreprises belges sont concernées. Selon l’ensemble des données, ils ont ensemble reporté ou annulé la commande de 7 millions de vêtements avec une valeur de 15 millions d’euros. Ces chiffres sont déjà révélateurs…
Êtes-vous également curieux de savoir comment les entreprises de mode belges ont réagi à cette situation? Alors, inscrivez-vous à la newsletter. Dans quelques jours, vous en saurez plus.
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