15 mars 2024
La technologie au service d’une mode plus durable : prenez la route COSH ! Fashion Tech à Hasselt
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De Laure Oomens et traduit par Dounia Dorkenoo
Les récentes images de décharges de textiles dans le désert chilien d’Atacama et sur la côte ghanéenne n’ont laissé aucun doute sur les excès de l’industrie du textile: il y a beaucoup de travail à faire pour rendre le secteur de la mode plus vert et plus circulaire. Cette situation est intolérable pour la Brugeoise Niki de Schryver. Avec COSH!, sa plateforme de mode éco-responsable, Niki souhaite rendre la mode responsable plus accessible aux consommateurs et aux détaillants, mais elle souhaite aussi avoir un impact durable sur la production des vetements.
Niki de Schryver explique qu’il est difficile de mettre le doigt sur l’origine de sa passion pour la mode. “Quand j’étais toute petite, ma mère avait un magasin de laine à tricoter sur Brabantdam à Gand. Et avant que mon père ne se lance dans l’immobilier, il avait une tannerie pour peau de lapin. C’est peut-être là que tout a commencé”. “Ma mère et moi avons beaucoup voyagé. Nous avons vécu en Israël, dans le désert du Sinaï et dans le centre de la Turquie. Ces nombreux voyages ont éveillé mon intérêt pour d’autres cultures et styles de vie.“Bien que la mode soit sa passion, Mme de Schryver a su très tôt qu’elle ne voulait pas devenir designer. “Je n’habillais pas mes poupées, je préférais construire des pistes de marbre”, explique t‑elle candidement. “Les processus, l’industrie, la logistique… cela m’intrigue énormément. Je suis heureuse lorsque je me promène près des ports et voir la logistique.”
“Je n’habillais pas mes poupées, je préférais construire des pistes de marbre. Les processus, l’industrie, la logistique… cela m’intrigue énormément. Je suis heureuse lorsque je me promène près des ports.”
C’est la raison pour laquelle elle a choisi une licence en technologie de la mode. “Je pense que dans la mode, il est important de connaître chaque étape. Si, en tant que designer, vous ne savez pas ce qui se passe avant que votre création ne soit mise en vente et qui travaille dessus, alors vous ne savez pas vraiment ce que vous faites. Il devient alors beaucoup plus difficile de répondre aux difficultés”, explique M. de Schryver. “Pour moi, la technologie de la mode réunissait le meilleur des deux mondes : les processus, la logistique, la possibilité de travailler dans des usines de pays lointains et ainsi de connaître d’autres cultures, et travailler avec d’autres personnes à travers le monde.”
Après son baccalauréat, Mme de Schryver a suivi un cours de gestion à la Vlerick Business School. Elle possède dorénavant 17 ans d’expérience dans le secteur de la mode. “J’ai d’abord travaillé pendant six mois en tant que responsable de la production et de l’approvisionnement, puis quatre ans en tant que directrice de l’exploitation pour le designer anversois Bruno Pieters”, se souvient-elle. “J’ai ensuite travaillé pour une autre entreprise pendant un certain temps, mais elle ne prenait pas le commerce équitable et le traitement de ses fournisseurs et de son personnel au sérieux. C’était dur.”
Peu de temps après, en 2010, Bruno Pieters a de nouveau frappé à sa porte. “Il voulait créer une nouvelle marque de luxe entièrement écologique, éthique et transparente, et il m’a demandé si je voulais l’aider en tant que développeur commercial . Je l’ai donc rejoint et j’ai fait la majorité des recherches dans les coulisses de Honest By.”
La nouvelle marque de vêtements de luxe était unique dans le monde de la mode, déclare M. de Schryver avec fierté. “Honest By a été la toute première entreprise de mode à communiquer de manière transparente à 100% sur les lieux de production, les matériaux, les fournisseurs, etc. Tout était disponible en open source. Même les prix et les marges n’étaient pas un secret”.
Fashion Revolution a commencé ses campagnes de transparence seulement deux ans plus tard, en 2013, en réponse à l’effondrement de l’usine Rana Plaza au Bangladesh.”
Honest By a été un tournant pour de Schryver. “Cela m’a fait prendre conscience que j’allais dans le bon sens, que je travaillais d’une manière plus juste, correcte et durable”, dit-elle. “Dans la plupart des usines marocaines, on crie sur les travailleurs, comme si c’était la seule façon d’arriver à quelque chose. Je suis toujours allée m’asseoir avec les personnes qui brodaient, pour les guider vers une finition de luxe. Dans l’usine où nous produisions, le patron agissait de manière très différente. J’ai également remarqué que l’intrapreneuriat équitable, et plus tard l’entrepreneuriat, était inhérent à moi-même.”
“Je me suis également plongée dans le développement durable, qui ne m’a pas plus”, ajoute-t-elle. “Je pense qu’en tant que designer, vous devez vous demander : si cette pièce finira sur un tas de vêtements dans une décharge, peut-elle être biodégradable ? Si la réponse est “non” ? Mieux vaut ne pas commencer.”
Après l’aventure Honest By, de Schryver poursuit son voyage. Elle a réalisé de nombreux projets d’e‑commerce, s’est lancée dans les affaires à Londres et est devenue développeur marketing dans plusieurs chaînes de magasins belges. “Soudainement, mon cœur éco-responsable s’est mis à saigner”, admet-elle. “C’est pourquoi, en 2017, j’ai accepté l’invitation de De Tijd au Hack Belgium qui a regroupé 1000 personnes intéressées par la durabilité afin de réfléchir à des solutions pour un avenir meilleur.”
“Au cours de cette séance Jasmien Wynants, de Flanders DC, et Veerle Spaepen, qui travaillait pour Flanders Circular à l’époque, ont mis le public au défi de proposer des solutions durables ou circulaires pour sauver l’industrie de la mode”, poursuit M. de Schryver. ” le secteur de la mode étant l’une des industries les plus polluantes au monde.”
“Là, nous étions 40 à 50 personnes pour brainstormer. Mais à chaque idée, je me disais : ça existe déjà, on a déjà eu ça, ce n’est pas nouveau”, dit-t-elle. “Plusieurs milliers de consommateurs s’intéressent au mode de vie durable, mais presque personne ne sait où acheter ni comment trouver ces produits écologiques, équitables ou circulaires. Mon idée était claire : je devais combler ce vide ! “Au lieu de lancer un autre produit qui signifiera une concurrence supplémentaire pour les entrepreneurs circulaires qui ont déjà du mal à se lancer, je devrais développer un moyen accessible de connecter les consommateurs et les détaillants plus rapidement.”
L’idée de COSH! (conscious shopping made easy) est donc née. Cependant, il a fallu un certain temps avant que Mme de Schryver ne rende public son nouveau projet. “L’esprit d’entreprise ne m’était pas étranger. Je me sentais à l’aise dans le rôle d’employé. J’ai donc commencé à frapper à la porte d’autres entreprises pour voir si je pouvais lancer COSH! Mais j’ai rencontré beaucoup de “non”. “De plus, ma mère m’a toujours conseillé de ne pas devenir indépendante. J’ai dû surmonter beaucoup d’obstacles pour me lancer dans l’entrepreneuriat.”
Cette situation était parfois inconfortable, admet-elle. “Si j’ai appris quelque chose avec COSH!, c’est que je dois être patiente et confiante. En tant qu’entrepreneuse, vous voulez que les choses progressent aujourd’hui plutôt que demain. Il faut tellement d’étapes intermédiaires pour obtenir un résultat. Dans le passé, j’ai parfois douté de moi-même”, dit-elle.
“Heureusement, j’ai autour de moi des accélérateurs comme Start It @KBC, imec.istart et Netwerk Ondernemen qui sont des repères pour moi et me rassurent que je suis sur le bon chemin. J’ai énormément évolué en tant qu’entrepreneuse ces dernières années et j’apprends encore tous les jours.
COSH! est devenu une plateforme de mode éco-responsable qui met en relation les consommateurs et les détaillants. Les consommateurs peuvent trouver des marques éco-responsables ou circulaires de vêtements, de bijoux et de cosmétiques correspondant à leur style et à leur budget en quelques clics. D’autre part, elle encourage les magasins à opter de plus en plus pour des marques éco-responsables et circulaires pour gagner en visibilité.
“Cibler les détaillants qui vendent plusieurs marques plutôt que les marques elles-mêmes est une décision mûrement réfléchie” explique Niki. Les petits détaillants ont du mal à se faire remarquer parmi les campagnes de marketing – parfois trompeuses – des géants de la fast fashion qui font du greenwashing”. “En échange de leur adhésion, ils obtiennent une place sur notre plateforme et nous vérifions une ou deux des marques qu’ils distribuent chaque année.”
COSH! examine chaque marque selon 7 thèmes sur 265 critères. La plateforme est regardante sur les conditions de travail éthiques, les matériaux utilisés, leur impact environnemental, l’économie circulaire, la chaîne courte d’approvisionnement, le bien-être animal, la transparence et le modèle économique. “Une grande chaîne comme H&M peut lancer une collection vegan ponctuellement, mais si son modèle économique l’ oblige à lancer une nouvelle collection chaque semaine, elle aura beau être vegan, elle ne sera ni éco-responsable ou circulaire”.
Que se passe-t-il lorsque la marque pratique le greenwashing ou que des produits ne sont pas assez éco-responsables? A‑t-elle la possibilité de s’améliorer?
Lorsque cela arrive COSH! entame une discussion avec la marque concernée. “Nous travaillons de façon indépendante et c’est la différence entre COSH! et les autres plateformes de marketing de mode durable”. Les autres plateformes fonctionnent à travers le marketing d’affiliation où les marques versent une commission sur les ventes qu’elles réalisent grâce au trafic des plateformes.” En effectuant un filtrage plus objectif et de manière non affiliée, De Schryver veut également créer un changement en coulisses. “Nous assurons une pollinisation croisée entre les marques et les détaillants, ce qui a un impact sur ce qui est vendu en magasin. Ce sont tous de petits dominos qui, ensemble, forment une plus grande toile.”
L’avenir s’annonce prometteur pour Niki de Schryver et son équipe. “Nous venons d’embaucher notre sixième employé à temps plein. Et nous sommes en train de lever des fonds pour faire évoluer notre plateforme et construire d’autres outils mais ça je le garde pour une autre interview”, dit-elle en riant.
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